Il y a deux semaines, Parcoursup ouvrait son portail aux lycéens et étudiants souhaitant postuler dans des formations du supérieur. Sept ans après sa mise en place, son fonctionnement reste flou et est source d’angoisse pour beaucoup de futurs étudiants. En effet, Parcoursup n’est pas une simple plateforme d’entrée vers le supérieur : il s’agit d’une plateforme de sélection féroce, basée sur des critères opaques. Si tu as besoin d’aide, à n’importe quelle étape, contacte-nous !
Comment fonctionne Parcoursup ?
La plateforme suit un calendrier précis, au-delà duquel la sélection de nouveaux vœux et la saisie des dossiers ne sera plus possible.
1. La Phase Principale
Du 15 janvier au 13 mars 2025, tu peux créer ton dossier sur la plateforme et formuler les vœux que tu souhaites. Tu as le droit à 10 vœux au maximum, et 10 vœux supplémentaires en apprentissage.
Du 14 mars au 2 avril 2025, tu ne pourras plus formuler de nouveaux vœux mais tu pourras toujours compléter tes dossiers avec les documents demandés par chaque formation et confirmer tes vœux. Les vœux seront ensuite examinés par les formations.
A partir du 2 juin et jusqu’au 10 juillet, les réponses des établissements seront publiées sur le site. Tu as un délai pour accepter ou refuser le vœu : il est indiqué pour chaque formation. /!\ Passé le délai accordé, le vœux est automatiquement refusé par la plateforme !
Du 6 au 10 juin, la plateforme impose que tu classes tes vœux par ordre de préférence, si le vœux classé en premier est accepté, tous les autres seront effacés.
2. La Phase Complémentaire
A partir du 11 juin, et jusqu’au 11 septembre, la phase complémentaire commence. Si tu n’as reçu aucune réponse positive, et même si certains vœux sont encore en attente, tu peux formuler 10 vœux supplémentaires dans les formations qui ont encore de la place.
/!\ Passé le 11 septembre 2025, tu ne pourras plus recevoir d’acceptation ou formuler de nouveaux vœux ! Si tu n’as toujours pas de formation, contacte ton syndicat étudiant ! Ensemble nous pouvons lutter contre la sélection qui laisse certains d’entre nous sans formation !
Qu’est-ce qui change en 2025 ?
Chaque année, la plateforme apporte son lot de nouveautés : officiellement pour « améliorer la plateforme » et la rendre « plus efficace et plus transparente », en réalité pour accentuer toujours plus la sélection aux portes de l’enseignement supérieur et parfaire la libéralisation de l’université publique, processus en cours depuis des années.
Les délais pour accepter ou refuser une formation diminuent d’année en année et le classement des vœux est assez récent, et ce, pour rendre la plateforme “plus efficace” : entendons par là, sélectionner encore plus vite les futurs étudiants, qui doivent faire un choix important en seulement quelques heures. Si le gouvernement se retrouve aujourd’hui à compresser les délais de réponses, c’est le fruit de la libéralisation progressive de l’enseignement supérieur et de la recherche et des coupes budgétaires à répétition, mises en place par les politiques successives qui poussent à la fermeture de places et de filières partout en France. Face à ces mesures, la seule solution, c’est la mobilisation : pour plus de places, plus de professeurs, plus de moyens pour nos études!
Cette année, la plateforme lance également une nouvelle fonctionnalité : le simulateur de spécialité qui permettra aux candidats de voir en un coup d’œil leur pourcentage de chance d’être accepté dans une formation, basé sur leur spécialités et leur moyenne générale. Il s’agit là d’un véritable outil de pré-sélection pour la plateforme : décourageant les candidats, poussant ceux qui viennent de lycées défavorisés ou de filières déclassées vers des formations professionnalisantes et le salariat, le plus loin possible des universités. Cette nouvelle fonctionnalité s’inscrit dans la continuité de la réforme du baccalauréat qui pousse déjà les lycéens à se spécialiser de plus en plus tôt et exclut dès la première une bonne partie d’entre eux sur la seule base de leur lycée d’origine et des spécialités qu’il a les moyens de mettre en place.
Nous noterons aussi une augmentation de la part de l’enseignement privé dans l’offre de formation de parcoursup, conséquence directe de la casse de nos universités publiques. Depuis 2023, c’est plus de 40% des formations proposées par la plateforme qui sont privées, en quatre ans le nombre de ces formations a doublé alors que la part de l’enseignement public stagne. On estime qu’aujourd’hui, c’est plus d’un étudiant sur quatre qui est inscrit dans le privé pendant que l’université publique suffoque sous les coupes budgétaires successives. Il n’est alors pas étonnant de voir une résurgence des prêts étudiants, poussant ceux qui ont peu de moyen à s’endetter pour pouvoir accéder à une formation qui ne sera peut-être même pas reconnue.
Enfin, nous pouvons déjà nous inquiéter au sujet des étudiants laissés sans proposition d’admission satisfaisante. L’année dernière, le chiffre des laissés pour compté était en hausse : 85 000 candidats étaient toujours dans l’attente en juillet 2024 à l’issue de la phase principale d’admission. C’était 8 000 étudiants de plus que l’année précédente, énième preuve que les “améliorations” de la plateforme ne sont que de la poudre aux yeux. Le ministère rappelait l’augmentation du nombre de bacheliers en réponse à cette hausse, mais il convient également de pointer la baisse du nombre de places à l’université. Cette année encore ont été annoncées des suppressions de places dans plusieurs universités pour la rentrée prochaine ; à titre d’exemple : 600 places sont supprimées à Lille, 245 places à Paris 8 et 270 à Bordeaux Montaigne.
Comment lutter contre la sélection ?
Si l’algorithme de Parcoursup reste opaque, les motivations politiques derrière la création de la plateforme sont, quant à elles, bien claires. Il s’agit pour le gouvernement de poser un voile sur les suppressions de places incessantes qui chaque année réduisent davantage nos chances d’obtenir les formations qui nous intéressent, voire une formation tout court.
Pour nous, il n’est pas question de chercher à aménager Parcoursup, de sorte à rendre la fac plus ou moins accessible aux uns, tout en s’accommodant du fait que d’autres soient laissés de côté. Ce n’est pas Parcoursup qu’il faut réformer : C’EST LA SELECTION QU’IL FAUT ANEANTIR. Rappelons qu’il y a moins de dix ans, il suffisait de se rendre dans n’importe quelle fac de son choix en septembre pour s’y inscrire.
Nous ne nous battons pas pour mettre en place la méritocratie. Nous ne luttons pas juste pour que certains étudiants pauvres et issus de la classe des travailleurs puissent avoir accès à des études d’élite. Nous nous battons pour qu’il n’y ait plus de facs “d’élite” et d’autres à la renommée médiocre. Nous ne nous battons pas pour que les étudiants issus de “mauvaises facs” puissent obtenir des places dans les “meilleures “, mais pour que toutes les facs soient de bonnes facs. La réussite des uns ne peut reposer sur l’échec des autres, encore moins sur l’échec de la majorité. Nous devons nous organiser ensemble pour sortir des logiques de concurrences entre les universités et donc entre étudiants, et lutter pour un accès au savoir libre, égal, inconditionnel et de bonne qualité. C’est le rôle du service public et nos facs doivent s’y référer. Les universités doivent spécifiquement répondre à l’enjeu d’être librement accessibles, tout au long de la vie même pour ceux qui travaillent, et doivent être un lieu d’émancipation et d’accroissement des savoirs. Ce n’est pas idéaliste : fut un époque, pas si lointaine, où l’enseignement supérieur s’ouvrait largement aux masses.
Or, notre éducation ne peut pas dépendre des fluctuations des intérêts de la bourgeoisie. C’est à nous de faire des facs les nôtres. A nous, étudiants et travailleurs des universités, d’imposer notre agenda. Le processus de libéralisation de l’ESR, qui met les universités au main des intérêts privés, ne date pas d’hier. Mais l’offensive que nous connaissons ces dernières années avec l’intensification des coupes budgétaires ne doit pas signer l’arrêt de mort de l’université publique. Les étudiants doivent prendre en main leur destin, et se mobiliser, à l’instar de ce qu’ils ont fait en juin dernier partout dans le monde en s’engageant massivement dans le mobilisation pour la Palestine ; à l’instar de ce qu’il se passe actuellement en Serbie où 80% des universités sont bloquées ; et comme ce qu’il se passe actuellement à Rennes, ou 3 000 étudiants ont pris les rues mercredi dernier pour protester contre les coupes budgétaires.
Pour garder une chance d’étudier, syndique-toi et mobilise-toi ! C’est ensemble que nous réussissons à nous épauler et nous entraider lors de notre passage par les processus de sélection – et c’est aussi ensemble que nous pouvons les combattre !
Fac ouverte aux enfants d’ouvriers ! Fac fermée aux intérêts privés !