La Fédération Syndicale Etudiante (FSE) est une organisation syndicale par et pour les travailleur-euses en formation présente sur plusieurs établissements et dans plusieurs villes (voir Nos sections). En tant que syndicat, nous avons pour rôle d’être un véritable outil au service des travailleur-euses que nous organisons, et du milieu dans lequel nous agissons.
Il nous semble important d’avoir une structure qui puisse répondre aux enjeux actuels, avec une volonté de défendre les droits étudiants face aux différentes réformes, mais aussi d’aller en gagner de nouveaux. Nous pensons que les deux rôles principaux que notre organisation doit remplir sont le fait d’apporter une aide d’utilité concrète et de solidarité, mais aussi d’être un réel outil au service du développement des luttes étudiantes.
Nous pensons que les étudiant-es ne sont pas déconnecté-es du reste de la société et c’est pourquoi nous nous inscrivons plus généralement dans les luttes des travailleur-euses : contre le capitalisme et l’impérialisme, contre le sexisme, contre le racisme, l’homophobie et la transphobie, le validisme.
Indépendante des institutions et des partis politiques, les choix de la FSE sont uniquement issus de ses débats internes, guidés par la défense des intérêts matériels et moraux des étudiant-es. Quel que soit son lieu d’étude et ses convictions, n’importe quel-le étudiant-e ou apprenti-e peut nous rejoindre et participer à renforcer notre syndicat.
Depuis sa fondation, l’Université produit et diffuse du savoir, au service spécifique des classes dominantes. L’Université que nous connaissons aujourd’hui est une institution au service des intérêts capitalistes, dont le rôle est de maintenir la situation d’exploitation de la classe ouvrière : c’est l’Université bourgeoise. Le développement constant des forces productives engendre un besoin de main d’œuvre spécialisée et d’encadrement toujours plus grand pour répondre aux objectifs économiques de la bourgeoisie.
Suivant ce développement, l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) connaît dès les années 1950-1960 un phénomène d’ouverture à une fraction des masses populaires, jusque-là exclue de ces institutions : c’est la massification. Celle-ci repose conjointement sur une adaptation de l’ESR aux besoins économiques, et une aspiration plus grande du prolétariat français à l’accès aux études supérieures. Cette massification fait naître de fortes contradictions de classe au sein de l’ESR, que la bourgeoisie tente de réduire vers son seul avantage en libéralisant ce dernier, au détriment de l’intérêt des masses populaires.
Nous aspirons à pouvoir mener librement nos études et recherches, non pas dans l’intérêt d’une minorité possédante, mais pour mettre le savoir au service de notre classe.
Remettant en cause son rôle supposé de transmission et d’accroissement global des savoirs, l’ESR se voit transférer progressivement une fonction d’acquisition de compétences et de formation professionnelle spécifique afin de correspondre aux besoins immédiats du patronat, qui se décharge de contribuer à leur financement.
L’Université assumant désormais des missions de professionnalisation et de formation continue, le coût de la formation du travail tend à reposer sur les travailleurs et les travailleuses elles et eux mêmes, et non plus sur les entreprises. Ce lien entre ESR et monde du travail est matérialisé par le diplôme, nous reconnaissant des droits sur le marché du travail, garantis par le code du travail et les conventions collectives.
Voilà pourquoi nos intérêts sont indissolublement liés aux intérêts des travailleuses et travailleurs salarié-e-s.
Les contradictions de classe, traversant l’ESR, impactent directement l’objet de nos études et de nos recherches, ainsi que notre protection sur le marché du travail. De plus, celles-ci pèsent sur les conditions de formation des étudiant-e-s issu-e-s des masses, nous offrant un accès limité aux formations les plus valorisées et dévalorisant les filières auxquelles nous accédons. Finalement, ce sont de simples réserves pour une professionnalisation précise et rapide répondant aux besoins immédiats de la bourgeoisie.
La précarité de nos conditions de vie et d’étude, ainsi que l’obligation quasi-générale du recours au salariat – à la fois seul moyen et principal obstacle à l’obtention du diplôme – n’est qu’un exemple supplémentaire de cette réalité. Cette matérialisation de la lutte des classes nécessite la reconnaissance d’une forme particulière de syndicalisme : le syndicalisme étudiant.
Les étudiant-e-s ne constituent pas une classe sociale. Ils et elles ne partagent pas les mêmes conditions matérielles et les mêmes intérêts, leur place (ou celle
de leurs parents) dans la production n’étant pas semblable. Ainsi, les intérêts des étudiant-e-s bourgeois-e-s sont en conformité avec la libéralisation de l’enseignement supérieur puisqu’ils et elles auront à leur tour besoin d’un prolétariat formé lorsqu’ils et elles entreront dans la production.
Le syndicalisme naît d’une nécessité d’organisation et compte pour mission l’élévation du niveau de conscience du milieu qu’il organise et la construction d’un rapport de force à son avantage. Cette élévation se construit par l’obtention de victoires par la lutte et le renforcement des liens de solidarité entre les étudiant-e-s par des actions d’utilité concrète.
Un syndicat est un outil de conscientisation qui a vocation à adapter ses pratiques et moyens d’action aux évolutions de son milieu, appréhendés par une activité de terrain quotidienne. Nos pratiques syndicales ne sont pas figées et ne découlent pas de positions de principe. Nous revendiquons le centralisme démocratique. Nous pensons que seules la critique et l’autocritique permettent de résoudre les contradictions de notre organisation.
Nous nous défendons de toutes dérives cogestionnaires et corporatistes nous enfermant dans des logiques d’isolement et de la passivité légaliste et institutionnelle. Nous dénonçons la cogestion biaisée qui nous est proposée, qui a pour seul rôle de domestiquer le syndicalisme en l’associant à l’application des réformes gouvernementales au service de la bourgeoisie.
Nous sommes solidaires des luttes menées par le syndicalisme professionnel et soutenons que les travailleuses et travailleurs des différents secteurs économiques
doivent pouvoir se reconnaître et se coordonner. Nous prenons part à toutes les luttes dans lesquelles nous avons intérêt : locales ou nationales, sectorielles ou générales.
Nous partons du constat que les masses font l’Histoire et que seul le mouvement des masses dans l’action permet d’obtenir de réelles victoires. Ainsi, nous concevons un
syndicalisme ancré dans les masses étudiantes, dans leurs lieux d’étude, de vie et de sociabilité. C’est notamment le cas dans les universités de proximité, qu’il faut défendre.
Notre syndicalisme est au service des masses et ne doit jamais s’en séparer. Nous refusons de nous enfermer dans un entre soi militant coupé des masses et tirons cette leçon du bilan des organisations nous ayant précédés. Nous nous revendiquons d’un syndicalisme de masse, ne se matérialisant pas uniquement par le caractère massif de l’organisation, mais principalement par une pratique de masse quotidienne.
Toute action, toute lutte, ne peut aboutir qu’avec la participation et le soutien actif de celles-ci.
Le syndicalisme, s’il se veut victorieux, doit intégrer la lutte contre toute forme de domination servant les intérêts capitalistes. Les structures patriarcales, racistes et validistes préexistent et structurent le capitalisme en organisant conjointement les exploitations économiques des groupes qu’ils oppriment. Ces rapports de domination expliquent une grande partie de l’organisation de l’université et les problématiques qui la traversent : répartition genrée entre les filières, ségrégation et sélection raciale envers les étudiant-e-s étranger-e-s, invisibilisation et exclusion des personnes handicapées… sont autant d’exemples qui destinent ces étudiant-e-s à une sur-exploitation une fois rentré-e-s sur le marché du travail.
Il faut reconnaître le combat devant être mené sur ces différents fronts par le syndicat et l’intérêt des étudiant-e-s issu-e-s des groupes minorés à s’y engager. C’est pourquoi nous luttons contre ces rapports de domination internes aux masses, tant dans notre organisation que dans les luttes sociales ou nos lieux de sociabilité.
Nous défendons un ESR inclusif et soutenons les personnes opprimées, notamment lorsqu’elles dénoncent leurs conditions, s’organisent, et luttent pour les dépasser.
Le système capitaliste se structure à l’échelle mondiale sous la forme de l’impérialisme. Par extension, la lutte des classes se manifeste elle aussi à l’échelle du globe
dans des rapports de domination entre les nations impérialistes et les colonies ou semi-colonies.
Organisant la marchandisation des savoirs à l’international avec une mise en concurrence des établissements et laboratoires, cette structuration participe à l’exploitation des États semi-coloniaux par les États impérialistes, qui trouvent là un moyen supplémentaire de mise en valeur de leurs capitaux.
Nous nous opposons à cette structuration organisée pour l’appropriation des recherches des étudiant-e-s issu-e-s des colonies et semi-colonies, ainsi qu’aux projets de recherche consolidant des projets coloniaux et impérialistes.
Nous sommes résolument internationalistes et anti-impérialistes, et soutenons les initiatives de rapprochement et de solidarité avec les luttes émancipatrices et décoloniales des étudiant-e-s et travailleur-se-s des autres États.
La bourgeoisie gouverne habituellement par la démocratie libérale. Cependant, en temps de crise économique et avec les révoltes populaires qui peuvent s’en suivre, la frange la plus réactionnaire de la bourgeoisie impérialiste peut s’appuyer sur des parties des masses pour gouverner. Elle peut donc se soustraire à la démocratie libérale si cela est nécessaire pour maintenir sa domination en employant des moyens dictatoriaux, notamment en coupant les appareils de gouvernance “démocratiques” habituels, les libertés fondamentales, et en utilisant des groupuscules pour asseoir sa domination dans la rue.
Les masses populaires organisées, dont les syndicalistes, font partie des premières victimes de ce système politique. Si le fascisme est une problématique de masse devant préoccuper la société entière, il connaît des manifestations particulières dans l’ESR. Des groupuscules fascistes et réactionnaires servant l’ordre bourgeois peuvent directement s’en prendre aux organisations, parfois en collusion avec les instances administratives, notamment par des groupes “antiblocages” violents.
Depuis plusieurs années, la répression syndicale tend à se formaliser et à s’institutionnaliser. Sous couvert de menace terroriste, les présidences d’université se sont dotées d’une armée de vigiles qui, à défaut de pouvoir prévenir une attaque terroriste, servent en réalité à entraver l’action syndicale sur les campus. Ainsi, nous défendons la liberté de nous réunir et de véhiculer nos idées et sous toutes formes. Nous luttons contre tout manquement aux libertés syndicales et contre la répression des luttes dans l’ESR. Nous luttons contre la banalisation des discours fascistes et voyons dans l’antifascisme une pratique de masse, nécessitant une vigilance permanente, aussi bien dans l’ESR qu’en dehors. La sensibilisation et la mobilisation des étudiant-e-s doivent servir cette lutte fondamentale.
Comme syndicat étudiant, nous reconnaissons qu’il n’y a pas d’indépendance souhaitable de notre organisation vis-à-vis du mouvement ouvrier. Nous conservons néanmoins une volonté d’autonomie d’organisation afin de maintenir vivante la lutte démocratique interne et la lutte pour l’autonomie financière, éléments centraux dans une pratique militante correcte.
Nous cherchons à servir le mouvement ouvrier le plus avancé sous toutes ses formes, notamment syndicale, et nous laissons la possibilité de nous
coordonner avec ou de rejoindre des organisations partenaires pour formaliser une unité d’action plus concrète. De plus, les membres de l’organisation sont libres d’afficher et de revendiquer leurs opinions politiques et croyances, ou de revendiquer leur appartenance à d’autres organisations, tant que celles-ci ne sont pas en contradiction avec nos principes de base.
Le système capitaliste, mis en place par la bourgeoisie, est une gangrène qui épuise les travailleur-se-s et nos ressources naturelles. Les luttes contre ses manifestations les plus féroces, comme les luttes progressistes ou le combat écologique, n’ont de sens que lorsqu’elles visent la fin du régime capitaliste et la prise du pouvoir par le prolétariat. Ainsi, par notre participation ouverte à la lutte des classes, nous assumons vouloir améliorer nos conditions de vie et d’étude, mais aussi plus largement remettre en cause ce mode de production qui organise notre exploitation.
Les intérêts des étudiant-e-s, de par leur statut de travailleur-se-s en formation, sont étroitement liés à ceux des masses populaires, plus particulièrement à ceux de la classe ouvrière. Nous sommes conscient-e-s que le syndicalisme ne se suffit pas à lui-même et qu’il doit remplir son rôle auprès des masses dans l’élévation de leur niveau de conscience, leur consolidation et leur unité par la lutte. Il s’inscrit dans le sens d’un changement global de société, où chacun-e puisse s’épanouir librement, sans oppression ni exploitation.