Motion de la Coordination syndicale nationale (CSN) de la Fédération syndicale étudiante, adoptée à l’unanimité des délégations, le 30 mai 2021.
En juin 2019, le gouvernement d’Edouard Philippe et la ministre du travail Murielle Pénicaud présentaient la réforme par décrets de l’assurance chômage. Après une ouverture en façade de négociations syndicales en janvier, et un premier retoquage par le Conseil d’Etat en mai, le gouvernement a choisi la stratégie dite du “choc politique” chère à Emmanuel Macron pendant le quinquennat précédent, sur laquelle avait parié le gouvernement pour mener la réforme du Code du Travail. Il s’agit ici de rejeter toute phase de négociation préalable pour montrer à la grande bourgeoisie la prétendue efficacité du gouvernement à casser les acquis sociaux. L’application des décrets ayant été différée par la crise sanitaire, le gouvernement prévoit sa mise en application cet été.
Censé garantir des économies à l’Assurance chômage, le projet de réforme entérine une paupérisation des exclu-e-s d’un marché du travail de plus en plus instable. Appliquée en sortie de crise sanitaire, au début d’une crise économique majeure, cette réforme va faire drastiquement baisser les revenus des indemnités des récentes victimes de licenciement. Rien que de mars 2020 à janvier 2021, c’est 763 plans de licenciement (PSE) qui ont été initiés, soit 353 de plus que sur la même période l’année passée. Sur la même période, c’est près de 80 400 ruptures de contrat de travail qui ont été envisagées dans ce cadre, soit près de trois fois plus que sur la même période en 2019.
La réforme se base sur trois principaux leviers, fragilisant les couches les plus fragiles du salariat : la période comptabilisée (avec ou sans activité, comptant les congés maladie, maternité et périodes de chômage partiel, etc.) dans le mode de calcul, la hausse du temps de travail effectué sur cette période pour être jugé-e bénéficiaire, de même que celui nécessaire pour le rechargement des droits d’indemnisation. D’après la CGT et une étude menée par l’Unedic (association chargée de la gestion de l’assurance chômage), ce changement de mode de calcul du SJR le diminuerait jusqu’à 43% de sa valeur, avec un minimum garanti de seulement 659€ par mois après la perte d’un emploi au Smic. Au total, ce sont bien près de 1,7 million d’allocataires qui vont perdre totalement ou partiellement des droits, alors que, déjà, 6 chômeur-se-s sur 10 n’étaient pas indemnisé avant la crise. En premier lieu, cette réforme va toucher les travailleuses et travailleurs au statut précaire, notamment dans le spectacle et la culture. C’est également le cas des contrats et statuts précaires concernant les saisonniers, intérimaires, extra-hôteliers, guides-conférenciers, livreurs des plateformes, etc. Après cette réforme, deux assurés ayant les mêmes salaires et la même durée de travail justifiée pourront ainsi observer des écarts allant de 1 à 50 entre leurs deux indemnisations avec un étalement de leurs contrats plus ou moins long au cours de l’année.
La réforme de l’assurance chômage s’inscrit dans une dynamique de casse des acquis sociaux entamée depuis plusieurs décennies. Ici, elle vise à creuser la concurrence entre chômeuses et chômeurs ne disposant pas ou plus de droits suffisants pour survivre le temps de trouver à nouveau un emploi correspondant à leur qualification ou branche professionnelle. Elle pousse ainsi les travailleuses et travailleurs privé-e-s d’emploi à accepter rapidement n’importe quel contrat pour survivre, changeant la nature même de cette assurance.
La FSE, dénonce cette réforme et appelle les étudiant-e-s de France à s’inscrire dans la lutte contre les décrets et leur application en participant aux diverses manifestations et rassemblements initiés par les syndicats. Ne pouvant cumuler droit à l’indemnisation chômage et statut d’étudiant, nous souhaitons ici porter la voix de beaucoup d’étudiant-e-s salarié-e-s contraint-e-s aux statuts précaires et subissant la sélection par l’échec menée par le gouvernement, obligé-e-s de quitter prématurément l’enseignement supérieur. Nous rappelons ici le principe constitutionnel exposant que « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ». L’organisation capitaliste de la production ne peut prétendre nous priver de ce droit sans une indemnisation juste et pérenne, nous permettant de vivre dignement. Aux côtés de l’ensemble des travailleuses et travailleurs, organisons la riposte sociale et mobilisons nous !