RECONNAISSANCE DE LA PALESTINE : L’HYPOCRISIE FRANÇAISE ET LA NÉCESSITÉ DE LUTTER CONTRE NOTRE IMPÉRIALISME

Après près de 2 ans de génocide et plus de 76 ans de colonisation, la France vient de reconnaître l’État de Palestine. Cet acte ne sort pas de nul part : c’est une preuve du rapport de force imposé par la résistance palestinienne et soutenu par la mobilisation de solidarité à celle-ci en France, et partout ailleurs.

Cette reconnaissance n’est pas une victoire absolue, elle est tardive et limitée. En effet, la Palestine reconnue par la France est celle divisée par le plan de partage de l’ONU : une reconnaissance qui laisse donc intactes les structures coloniales, l’occupation militaire et l’apartheid territorial. C’est une Palestine dont la force de travail, les terres et l’économie sont soumises à la bourgeoisie coloniale et impérialiste, et où le gouvernement, représenté par l’Autorité nationale palestinienne, a abandonné la lutte de libération nationale du pays et collabore avec l’entité sioniste. Pourtant nous le savons, ni un cessez-le-feu vide de sens ni une solution à deux états ne pourra arrêter l’état génocidaire et suprémaciste qu’est Israël.

La paix et la justice en Palestine ne pourront avoir lieu qu’avec la décolonisation de toute la Palestine, de la mer au Jourdain. C’est par ce mot d’ordre que nous continuerons à nous mobiliser pour le peuple palestinien et sa résistance légitime face à l’oppression coloniale et génocidaire.

Loin de représenter un renversement stratégique, ce pas de côté est une tentative pour la France de regagner la face à l’échelle nationale et internationale, sous la pression des critiques concernant sa collaboration dans le génocide. Macron osait dire en octobre 2024 que la France ne livrait pas d’armes à Israël alors que la France continue de lui fournir des composants de “défense” et finance toujours l’entreprise d’armement israélienne Intracom Defense. Il ne faut pas oublier les entreprises d’armements françaises, Thalès et Safran, qui poursuivent leurs ventes auprès de l’entité sioniste sans être inquiétées par la justice. Ainsi, malgré la reconnaissance de l’Etat palestinien, nous pouvons être certains que les intérêts économiques de la France restent prioritaires.

Sur le plan intérieur, la reconnaissance de la Palestine a pour objectif de calmer le peuple qui se mobilise depuis 2 ans contre le génocide et la colonisation. Nous l’avons vu : à travers les manifestations massives, les blocages de ports par les dockers pour empêcher des livraisons d’armes, les campements pour la Palestine dans les universités, ou encore la récente libération du prisonnier politique Georges Abdallah des prisons françaises, notre classe agit et obtient des victoires qui affaiblissent l’impérialisme français. C’est cette mobilisation intense qui effraie la bourgeoisie, car par notre lutte pour la Palestine nous remettons en cause l’ensemble du système impérialiste, et donc capitaliste, qui n’a comme arme que la répression et la guerre.

L’hypocrisie se manifeste aussi par des actes concrets : gel d’une partie des accueils de personnes fuyant Gaza, punition collective et raciste, répression renforcée des militants pro-palestiniens, mise en place d’une loi instrumentalisant l’antisémitisme afin de réprimer les discours anti-sionistes… En ce qui concerne les universités spécifiquement, le ministre et les présidences d’université adoptent des postures de « neutralité » qui se traduisent, en pratique, par la répression des mobilisations (on pense notamment aux étudiants mobilisés à Science Po), par l’absence totale de moyens mis en oeuvre pour accueillir des étudiants et chercheurs palestiniens, et par le maintien de partenariats académiques et industriels avec des acteurs complices de la violence, tel que Thalès à Rennes.

Mais notre lutte peut être et sera victorieuse : à Sorbonne Université, nous avons déjà empêché la venue de Thalès au forum des métiers, et de nombreux partenariats sont régulièrement remis en cause au sein des conseils de nos universités.

Finalement, le soutien à la Palestine ne peut pas se faire à travers la reconnaissance d’un Etat fantoche. La paix véritable exige la décolonisation réelle : la restitution des terres, la fin de l’occupation, la liberté de circulation, la réparation économique, la démilitarisation et le droit du peuple palestinien à l’autodétermination sur l’ensemble du territoire historique, de la mer au Jourdain.

Nous défendons la solidarité active, ancrée dans la lutte de classes : la lutte n’est pas abstraite, elle est matérielle. S’attaquer aux intérêts économiques (contrats, financements, partenariats) qui sous-tendent la militarisation, renforcer la solidarité internationaliste et faire converger les combats sociaux, pour des conditions de vie décentes et contre les coupes budgétaires, sont des voies efficaces pour fragiliser l’impérialisme français et ses alliés.

En juillet dernier, la lutte a permis de libérer Georges Abdallah, jusque-là plus vieux prisonnier politique d’Europe, alors la lutte ne peut qu’être victorieuse ! Notre horizon reste la décolonisation intégrale et la victoire du peuple palestinien. Continuons de nous mobiliser, de faire grève, de bloquer, de faire rompre chaque partenariat, d’accueillir les réfugiés, et de construire une solidarité anti-impérialiste qui n’accepte aucun compromis. Ensemble, faisons trembler l’Etat français pour que cela devienne impossible pour lui de continuer à soutenir l’entité sioniste.

DE LA MER AU JOURDAIN LA PALESTINE VIVRA ET LA PALESTINE VAINCRA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Plus d'articles

Non classé

LES ÉTUDIANT.E.S NE PAIERONT PAS POUR « L’EFFORT DE GUERRE » !

En parallèle de l’annonce d’une énième coupe budgétaire, faisant monter la totalité des pertes à la somme astronomique de 1.5 milliards d’euros pour l’Enseignement Supérieur et la recherche, le gouvernement a annoncé une troisième loi de programmation militaire et prévoit une augmentation de 3,3 milliards d’euros pour l’armée. Il n’y a plus aucun doute :

Lire plus »
Questions Universitaires

Parcoursup : analyse de la machine à broyer les étudiant-es

Il y a deux semaines, Parcoursup ouvrait son portail aux lycéens et étudiants souhaitant postuler dans des formations du supérieur. Sept ans après sa mise en place, son fonctionnement reste flou et est source d’angoisse pour beaucoup de futurs étudiants. En effet, Parcoursup n’est pas une simple plateforme d’entrée vers le supérieur : il s’agit

Lire plus »
Questions Universitaires

1000 ÉTUDIANTS DANS LA RUE POUR LE BUDGET À RENNES: La Mobilisation DOIT faire tache d’huile !

Mardi 21 janvier, arrivait dans les rues de Rennes ce que beaucoup n’attendaient plus, que ce soit localement ou nationalement. Une manifestation étudiante, sans appel national ou interprofessionnel, réunissant près de 1 000 étudiant-e-s, bien décidées à aller chercher le budget que le gouvernement refuse à leur université. A Rennes 2, c’est par exemple tout

Lire plus »