Dans un discours prononcé moins de deux heures après les résultats des élections européennes, Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée Nationale. Cette décision, inattendue, survient alors que le RN arrive en tête en France, avec 31,5% des suffrages exprimés et diffuse donc la crainte d’un gouvernement d’extrême droite dès juillet prochain. Le président lui tient la porte.
Ce n’est ni par bêtise, ni par folie, mais par opportunisme pur et dur ! La politique du gouvernement actuel est déjà d’extrême droite. Une politique raciste avec la Loi Immigration, de militarisation du pays, de mise au pas de sa jeunesse, de répression des mouvements sociaux de plus en plus violente, avec un appareil judiciaire à son service. La trahison du “barrage républicain”, plus qu’attendue, démontre clairement que la “démocratie” n’est qu’un moyen pour la bourgeoisie d’assurer sa domination sur les masses. Alors que les intérêts de l’impérialisme français sont de plus en plus menacés en Afrique et dans ses colonies, comme en Kanaky, que les puissances alliées que sont les Etat-Unis et l’Europe sont concurrencées par les impérialistes émergents (Chine, Russie…), le camp réactionnaire a besoin de renforcer son État, et choisis donc le fascisme pour nous contrôler. Il n’y a pas d’opposition entre l’impérialisme et le fascisme, mais une continuité, un lien direct qui unit Macron à Le Pen.
Au-delà de l’extrême droite, notre ennemi est l’Etat français, qui est réactionnaire bien plus qu’il n’est démocratique. La seule majorité que nous reconnaissons à cette élection, c’est celle de l’abstention. Il s’agit pour nous de reconnaître la légitimité de cette décision populaire : il n’est pas anodin que l’abstention s’élève à 80% à Mayotte, 91% en Guyane, et 87% en Kanaky. Sans oublier les banlieues, avec un taux de non-votants à 60% en Seine-Saint-Denis.
Ce serait donc une analyse raciste et coloniale que de crier à l’obscurantisme. Les masses sont éclairées et elles ont un message : nous n’avons aucun crédit à donner au jeu de la bourgeoisie. Comment oser parler de dépolitisation des (non-)électeurs après une année de mobilisation pour nos retraites, de soulèvement des banlieues, de soutien inconditionnel apporté à la Palestine ou de révoltes en Kanaky ? Si la violence réactionnaire trouve sa légitimité dans les urnes, la violence progressiste est ce qui nous donne espoir.
Nous sommes, de fait, des antifascistes. Nous sommes condamnés à lutter, car chacun de nos gestes syndicaux, chacune de nos révoltes, porte en lui la négation des projets de l’extrême droite. Les périodes électorales sont ponctuelles, notre engagement est constant. Dans les mobilisations décoloniales, dans les révoltes qui émergent partout dans le pays, nous ne devons faire aucune concession sur la ligne que nous portons, malgré la terreur que tente d’infuser le camp fasciste. Aucune répression ne nous fera renoncer. À la peur, nous opposons l’espoir et la solidarité, l’auto-organisation de notre classe. Si tu as peur, syndique-toi. Si tu as renoncé à la politique institutionnelle, syndique-toi. Si tu es révolté-e, syndique-toi.
Par l’outil syndical, nous virerons l’extrême droite de nos facs, et partout organiserons le sabotage de sa tribune, par des rassemblements et actions de boycott. Et pour les étudiant-e-s particulièrement visés par le fascisme, nous nous engageons à répondre présent-e-s : notamment en organisant la solidarité avec les étudiant-e-s étranger-e-s comme nous l’avons toujours fait. Qui que tu sois, si tu es du côté des opprimé-e-s, tu es notre camarade. Et pour nos camarades, obstinément, nous serons là. Ensemble, tenons-nous prêt-es à résister !