Communiqué
Voilà déjà trois jours que la police de Nanterre a assassiné Nahel, 17 ans. Loin d’être un “drame isolé”, son meurtre a mis en lumière celui d’Alhoussein Camara, 19 ans, dans des circonstances très similaires, moins de deux semaines auparavant près d’Angoulême. Les circonstances en question ? Une mise à mort au motif d’un refus d’obtempérer. L’année dernière, 13 meurtres policiers ont été commis avec ce même motif. Mais le déclenchement quasi instantané d’émeutes, dont l’ampleur peut rappeler celles de 2005, montre bien que le sujet n’est pas celui des refus d’obtempérer, ni même des tirs de la police sur les véhicules en mouvement (au nombre de 138 en 2022). Il s’agit bien de celui des violences policières en tout genre, qui touchent en premier lieu les banlieues.
La mort de Nahel est un crime raciste commis par l’État policier, qui remplit ici sa mission. La vidéo du meurtre est sans équivoque. Pourtant, la police ment, la police couvre, la police tue en toute impunité. Depuis le quinquennat Hollande, une loi lui permet d’outrepasser le cadre de la légitime défense. Mais le permis de tuer qui en découle existait dans les faits depuis longtemps déjà. Au fil des années, les moyens octroyés à la police pour lui assurer ce permis augmentent, et lui garantissent une constance dans sa violence. Face à elle, autre constante : la justesse de la révolte des masses, en 2005 comme aujourd’hui, dont la détermination ne faiblit pas malgré la répression. Le déploiement de dizaines de milliers de policiers, des forces anti-terroristes (la BRI, le RAID, le GIGN), d’hélicoptères ; les couvre-feux déclarés officiellement par les mairies ou tentant d’être instaurés via l’arrêt des transports en commun ; se veulent la gestion coloniale d’une colère qui ne tarira pas.
Une fois encore, afin de maintenir sa domination sur les masses, la classe dirigeante s’illustre par l’utilisation mortifère de la violence réactionnaire. C’est la violence légale, celle que porte et représente l’État policier pour mater sans vergogne les populations. Un régime de la terreur qui ne date pas d’hier et sévit avec véhémence principalement – et depuis trop longtemps – dans les banlieues, contre les populations précaires, minorisées, immigrées. Des dérives fascistes ratifiées par un ensemble de lois et de réformes permettant d’avoir la mainmise sur les populations tout en bénéficiant de la protection de l’État, qui se veut de tout excuser.
L’unité des masses est une force à ne pas négliger : face à des années de violences racistes, d’exploitation, de mépris et d’aliénation des habitants des quartiers populaires, l’État policier se heurte à la résistance collective des masses opprimées. En comparaison à 2005, nous sortons d’une période d’expérimentation dans l’organisation de la révolte populaire, via la mobilisation contre la réforme des retraites, témoin de la colère du prolétariat et de ses tentatives de montée en force défensive et offensive. Nous ne sommes pas dupes, la police terrorise, la police réprime, la police mutile, la police assassine. Le légalisme n’est plus une option. Les émeutes ne sont que la conséquence directe d’années de maltraitance, de précarisation et de terreur. Le déploiement imposant des forces armées sur l’ensemble du territoire témoigne d’une peur qui change de camp et prouve que la force est de notre côté.
Partout, ils cherchent à anéantir les révoltes par tous les moyens, partout nous devons organiser la colère. Contre les manœuvres crasses d’un État policier réactionnaire, c’est en toute logique que la violence émerge et s’inscrit comme seule et première réponse, et comme arme pour notre classe.
Nous rejoignons les initiatives d’actions là où elles se trouvent, et participons aux rassemblements qui ont lieu tous les soirs depuis l’assassinat de Nahel. Organisons la riposte : dans les quartiers, dans les villes, pour que celle-ci soit massive et à la hauteur des coups que notre classe subit.
Relayons les lieux de rassemblement, diffusons auprès des étudiant-e-s comme à toute la population les communiqués, les appels à rejoindre les manifestations sauvages et à prendre part activement aux révoltes en cours.
Face à l’état bourgeois et aux politiques de répression,
Pas de justice pas de paix,
On a raison de se révolter !