Le mouvement social contre la réforme des retraites a passé un cap. Partant d’une grève suivie, de manifestations massives et d’un blocage ciblé de l’économie, il s’accompagne désormais d’un mouvement insurrectionnel et violent mené par notre classe. L’un ne pourrait aller sans l’autre : le blocage de l’économie est d’autant plus cinglant que s’y ajoutent partout en France des affrontements plus directs avec ceux qui incarnent la défense du camp bourgeois. L’opposition trop vite faite entre actions syndicales et radicalité n’en est pas une, ou du moins, elle ne devrait pas l’être. À mesure que les masses s’approprient le rapport de force, par le nombre, les pertes financières infligées au patronat, la remise en question de la politique institutionnelle, leurs révoltes passent au mode offensif. Les syndicats doivent suivre et organiser cette force nouvelle car il n’y a pas d’autre alternative face au soulèvement populaire. Il s’agit d’encourager, ou de trahir.
L’époque n’est plus au légalisme. La classe dirigeante garantit son pouvoir par un état policier, qui prétend décourager nos rangs par la terreur, les arrestations abusives et autres violences policières. En un mot, le gouvernement de Macron ne tient qu’aux tirs de LBD, aux nasses et aux bains de lacrymos. Un régime de la terreur depuis longtemps expérimenté dans les banlieues, contre les populations précaires, minorisées, immigrées, et qui a su se faire ratifier par nombre de lois fascisantes. De sécurité globale en 2020 à la LOPMI et au projet de loi Darmanin cette année, l’Etat bourgeois ne cache plus son objectif : se défendre des masses, bien plus que de les défendre. Ce système d’incarnation du pouvoir capitaliste par le biais de son bras armé policier n’est pas le fait de bavures ou de dérogations individuelles et malencontreuses aux ordres. Les ordres sont clairs et scrupuleusement mis en œuvre : il s’agit de nous molester pour anéantir notre révolte.
Finalement, la violence s’inscrit comme arme pour notre classe. Elle est la défense autant que l’offensive, alors que notre classe elle-même se définit par la violence qu’elle subit, celle de la spoliation et de l’aliénation. Les révoltes ouvrières ont toujours rencontré la répression des flics voire des armées du gouvernement. Les insurrections violentes de la première moitié du 20ème siècle qui, in fine, ont mené à un meilleur droit du travail ou à la création de systèmes de répartition solidaire comme la Sécu, sont ce qui nous inspire aujourd’hui alors que nous luttons pour la préservation de ces droits. Nous n’avons jamais rien gagné dans les salons ou les parlements. Ces lieux nous sont encore plus hostiles que les rues, même quand celles-ci sont bardées de policiers.
Syndicalistes révolutionnaires, refusons les médiations confortables. Continuons à affronter ceux qui pensent nous écraser, par les grèves, les blocages, les sabotages. Utilisons notre expertise de la lutte pour organiser les rues enflammées, et armer notre classe contre la répression qui l’attend. Tenons nous prêt-e-s.
La Fédération Syndicale Etudiante