Quelles conditions de vie pour les étudiant-e-s ?
Le CNOUS et les CROUS sont un service public qui ont quatre missions : le logement, la restauration, les aides sociales et la culture. Comme tout service public, les CROUS ont besoin d’être financés par l’Etat pour fonctionner. Les logiques libérales et austéritaires des gouvernement successifs des dernières décennies ont petit à petit asphyxié financièrement les CROUS. Ils ont donc dû trouver d’autres moyens de se financer et adopter d’autres logiques dans leur fonctionnement ce qui passe par des augmentations de prix de leurs services au gré de la concurrence. Ainsi, de plus en plus de résidences universitaires sont construites dans le cadre de partenariats publics-privés, de plus en plus de cafétérias – rentables pour les CROUS – et de moins en moins de RU – tarification sociale pour les étudiant-e-s – sont construits etc.
Les CROUS ne remplissent pas leur mission culturelle aujourd’hui, faute de budget suffisant. Pour y répondre en partie, le gouvernement a mis en place la CVEC (Cotisation vie étudiante et de campus) à la rentrée 2018. Dans les faits, le cadrage de l’utilisation n’a pas été clairement défini, et il s’est révélé être une sorte d’impôt étudiant utilisé pour combler les manques de budget dans les infrastructures, la santé, etc. Tout est donc à revoir dans la politique culturelle des CROUS, et leur place dans la vie étudiante.
Ces mesures précarisent de plus en plus les étudiant-e-s puisqu’ils se retrouvent exposé-e-s aux lois du marché alors qu’ils ne bénéficient d’aucunes protections sociales suffisantes. L’absence de protection sociale oblige un-e étudiant-e sur deux à se salarier pendant ses études et donc à mettre en péril sa réussite, le salariat restant la première cause d’échec dans l’ESR. Parfois certain-e-s étudiant-e-s se retrouvent même à devoir faire du travail illégal (prostitution, travail non déclaré, vente de stupéfiants etc.) ce qui les met d’autant plus en danger non seulement dans leur réussite mais aussi dans leur santé physique et mentale.
Ces problématiques sont d’autant plus inquiétantes puisque le système de santé de étudiant-e-s est défaillant. En effet, la libéralisation a également touché les mutuelles étudiantes. Les coupes dans le budget de fonctionnement des mutuelles étudiantes, la réduction des services de santé pris en charge par le régime obligatoire ainsi que le passage d’un monopole de la MNEF à un duopole (LMDE/SMER*) ont affaibli les mutuelles étudiantes militantes et donc mis à mal la santé des étudiant-e-s. En plus du mutualisme, ce sont les services de santé et de préventions universitaires qui ne peuvent s’adapter au nombre croissant d’étudiant-e-s, et son souvent trop surchargés pour être accessible, rendant très difficile la gestion des problématiques de santé propre aux étudiant-e-s, concernant la santé mentale, ou encore les addictions.
Pour extraire les étudiant-e-s des logiques de marché, une action syndicale doit donc être mise à l’oeuvre sur le court, moyen et long terme. Ainsi, cela passe dans un premier temps par renforcer les aides indirectes pour les étudiant-e-s c’est à dire leur garantir un encadrement et une baisse des loyers dans toutes les villes universitaires, une restauration à tarif social sur tous les sites de l’enseignement supérieur mais aussi le recrutement de personnels administratifs, de personnels ouvriers et d’assistant-e-s sociaux-les afin de faciliter l’accès des étudiant-e-s à ces services. Ces aides indirectes doivent également être accompagnées d’aides directes permettant aux étudiant-e-s d’avoir une aide financière régulière comme la bourse, adaptée à leur situation propre et non celle de leurs parents et d’un montant suffisant pour vivre dignement afin de permettre aux étudiant-e-s les plus précaires de ne pas avoir à dépendre uniquement des services du CROUS. Enfin, le 100% sécu et le tiers-payant pour les étudiant-e-s est un des objectif primordial pour la FSE.
*SMENO etc.