Quelles conditions d'études pour les étudiant-e-s ?
Ce processus de libéralisation ne fait qu’accentuer un phénomène déjà présent : la sélection sociale dans l’accès à l’ESR, et les difficultés d’accès à ce dernier pour les élèves et bachelier-e-s issu-e-s des classes populaires. Ainsi, on voit de plus en plus se dessiner un Enseignement supérieur à deux vitesses : d’un côté des grandes écoles et universités d’élites, et d’un autre des facs “poubelles” sous-financées car jugées non rentables, et des cursus courts et professionnalisants (BTS, DUT, bac pro), voyant la valeur du diplôme se dévaluer très vite, étant ainsi peu sécurisant sur le marché du travail. Pour celles et ceux d’entre nous n’ayant eu accès à aucune formation, les difficultés économiques se multiplient, et beaucoup se retrouvent contraint-e-s sur le marché du travail, avec des contrats de travails courts et précarisés, ou dans le piège de l’auto-entreprenariat (Uber, Deliveroo etc).
L’impact des réformes libérales impacte grandement la qualité de nos formations, dans tout type d’établissements. Ainsi, pour des raisons budgétaires, les enseignant-e-s chercheur-se-s et professeur-e-s d’université sont de plus en plus remplacé-e-s par des PRAG, à savoir des personnels enseignant-e-s du second degré affecté-e-s dans le supérieur. Dans les formations de DUT ou BTS, les budgets impactent grandement l’application sérieuse des TP et l’accès à un matériel de qualité et régulièrement renouvelé, la valeur final du diplôme et les compétences acquises étant en conséquence largement insuffisants, en comparaison de la formation proposée.
En plus de l’impact pédagogique et de la baisse qualitative et quantitative de nos formations, les réformes libérales impactent directement nos conditions d’études. L’autonomie budgétaire des universités les obligeant à trouver elles mêmes une partie de leur financement, beaucoup se tournent vers des partenariat avec des entreprises privées pour la construction de bâtiment ou la rénovation de bâtiments existant. L’autonomie budgétaire est donc révélatrice d’une chose : le désengagement financier de l’Etat vis-à-vis des universités, au bénéfice des entreprises privées. Amphis qui prennent l’eau, amiante, bâtiments délabrés, coupures du chauffage l’hivers : ce sont des réalités de plus en plus courantes dans nos conditions d’études.
Concernant la recherche scientifique, la libéralisation et les logiques de rentabilité freinent de plus en plus la recherche fondamentale au bénéfice de la recherche appliquée, c’est à dire les travaux menés dans un but pratique déterminé, suivant là aussi des intérêts économiques. Cette priorisation de la recherche appliquée au détriment de la recherche fondamentale fait naître une grande contradiction : la recherche appliquée ne donne de résultats qu’à très court terme, alors que c’est la recherche fondamentale qui découvre des savoirs généraux qui sont ensuite récupérés par les chercheurs en science appliquée. Ainsi, la libéralisation priorise la recherche appliquée au détriment de la recherche fondamentale, alors que la première est dépendante de cette dernière sur le long terme, amenant à un freinage global qualitatif de la recherche scientifique.
Face à la multiplication des réformes libérales et les difficultés toujours plus grandes d’accès à l’ESR, nous défendons, une vision de l’enseignement et de la recherche pensés comme des services publics : accessibles au plus grand nombre, gratuits, et assurants la liberté dans les choix d’études et des travaux de recherche. Nous pensons qu’il n’est pas normal que ces derniers soient soumis à des intérêts particuliers, et que la transmission et l’accroissement global des savoirs doivent se faire au bénéfice de la société toute entière. Dans l’immédiat, nous revendiquons un réinvestissement budgétaire massif dans l’ESR : l’embauche de personnels enseignants titulaire, de personnels technique, la rénovation des bâtiments vieillissant (parfois dangereux) sur nos campus, et l’adaptation globale de nos campus pour s’adapter au nombre d’étudiant-e-s croissant.
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